Darrieussecq, Marie
Résumé
Un éloge de la bestialité. Mais quelle est la part de l'animalité, non pas symbolique, mais réellement animale, en nous ? Pour la narratrice-truie, il est en tout cas impossible de lutter. Trouble et angoisse sont au rendez-vous.
Difficile d’écrire son histoire lorsqu’on habite dans une porcherie et,
qui plus est, lorsqu’on est devenue une truie. Car telle est
l’extraordinaire aventure de la narratrice de cette fable terriblement
sensuelle, qui se métamorphose sous les yeux stupides de son ami
Honoré, prend du poids, se découvre une soudaine aversion pour la
charcuterie, se voit pousser des seins surnuméraires, et finit, bien
obligée, par quitter la parfumerie dont elle était l’hôtesse très
spéciale...
Tantôt humaine, tantôt animale, elle erre dans les égouts et dans
les jardins publics où elle se nourrit de débris végétaux, elle met bas
ses porcelets, devient l’égérie du futur président de la République
avant d’être la maîtresse d’un très séduisant loup qui se nourrit de
livreurs de pizzas et manquer finir sa vie dans l’assiette de sa propre
mère.
Derrière ces aventures porcines se profile une société aux prises
avec un extrémisme obsessionnel de la vie saine mais de fait corrompue,
une vaste ferme des animaux où les achats se règlent en Euro ou en
Internet Card, où charlatans et fous mystiques se disputent le pouvoir.
Le récit de cette modification se double donc d'un conte moral où
l'oeuvre d'imagination affiche ses intentions de satire sociale. Se
plaçant d'emblée sous l'égide de Knut Hamsun, de la glèbe et de la
sauvagerie attenante à l'humain, la narratrice, truie endiablée, permet
au lecteur de renouer avec des plaisirs de lecture qui viennent de très
loin.