Un peuple en petit

Résumé

Un peuple en petit met en scène trois narrateurs différents, trois voix qui se succèdent et se répondent dans le texte sans jamais se croiser explicitement. La première est celle d’un acteur allemand sur le déclin, dont une tumeur à la gorge lui permet paradoxalement d’accomplir sa meilleure performance sur scène ; la deuxième celle d’un enfant, puis d’un adolescent, assujetti au quotidien d’un pays en proie à la guerre civile ; la troisième celle d’un personnage enfermé dans son immeuble parisien, incapable de nommer le réel qui l’entoure, d’associer plus largement le mot à la chose. Ce dispositif à trois voix élabore une manière originale de raconter.

Si le lien qui unit ces trois voix, ou les sépare, n’est jamais tout à fait dévoilé, le roman n’en explore pas moins des thématiques identiques (le corps, la mémoire, l’identité, les possibilités du langage, etc.) ; il éclaire la trajectoire de l’un par celle de l’autre, produit des contrepoints, des effets de réverbération et de distorsion qui expliquent – en creux, c’est-à-dire en laissant au lecteur le choix d’interpréter – les raisons de la solitude, de la violence et de la déstructuration psychique communes aux trois personnages. L’entreprise a priori sombre d’Un peuple en petit est en permanence relevée par l’humour, qui non seulement traverse tout le livre, mais en constitue le squelette, l’horizon ultime – une voie de libération. Ce roman remarquable par sa cohérence, son écriture et les personnages qu’il met en jeu marque le grand retour d’Oliver Rohe à la fiction.

Rohé, Olivier

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